Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
High Way To Heal (Louise VS fibro)

J-je ne sais plus combien. Bien dormi et plutôt longtemps malgré quelques

11 Juin 2016 , Rédigé par Louise Vayssié

J-je ne sais plus combien. Bien dormi et plutôt longtemps malgré quelques ronflements intempestifs dans la chambrée. Le blanc sans doute. La mini gueule de bois avec laquelle je me réveille m'envoie prendre ma douche dans la mer. Plus efficace et bien meilleur que le doliprane. Il est 10h et déjà la plage fourmille. Pas de voiture dans les rues. Magasins fermés pour la plupart, c'est Shabbat à Tel Aviv. J'aime cette ambiance détendue. Les vagues sont fidèles au rendez-vous. Je change mes habitudes en faisant cinquante de plus pour poser ma serviette. Mauvaise idée. Je suis face au brise-lame un peu plus loin dans la mer, les vagues viennent du nord et du sud en se croisant avec une perpendicularité défiant toute concurrence et l'écume forme un joli quadrillage. Mais dans l'eau, il est difficile de résister aux courants qui se contredisent et pour la faible femme que je suis devenue, c'est vraiment super casse-gueule, épuisant et peut-être même un peu dangereux. Je vais donc me poser plus loin où les vagues sont bien parallèles. "Je n'apprécie rien tant que ce moment trop éphémère hélas où ma montre à quartz indique 11h11..." La mer est bonne et j'y rentre comme dans du beurre, salé de préférence. Je patauge un peu, me réveille et m'en retourne boire un café sur la terrasse de l'auberge. Il est 11h12. Raté. Hier, dans la conversation, Nathanaël m'avait demandé le prénom de ma mère. J'avais mis ça sur le compte de la curiosité et lui avait répondu. Ce matin, il m'explique qu'il a fait une prière pour moi, parce que je suis malade et pour Catherine, parce qu'elle a une enfant malade. Ça m'émeut et je ne sais pas si ça se fait de le remercier. Je lui dit que ça me touche beaucoup, parce que c'est vrai. D'ordinaire plutôt contre la religion, quelle qu'elle soit, j'apprécie sa façon de vivre la sienne avec une ouverture d'esprit rare, et toujours cette philosophe de la vie qui me convient. Plus il me renseigne sur la Torah, plus j'en comprends les complexités. Oui, apprendre c'est comprendre. Et j'apprends beaucoup ici. Le rendez-vous avec Julien est calé. On se retrouve au croisement de Rothschild et Dereck Yaffo. Hourra, Jaffa jenfin. Je me prépare comme pour une expédition avec Frison-Roche. Maillot de bain mouillé pour rester au frais, foulard mouillé itou sur la tête pour déjouer l'insolation, manches longues pour pas cramer, jambes à l'air parce qu'une fois bronzées, elles sont pas si mal, appareil photo, bouteille d'eau, clopes, briquet... Je crois que j'ai tout. "T'as tes clés Antoine ?" Je remonte sur Alenby Street. Il fait chaud et déjà mes lombaires tirent la gueule. Je les ignore pour le moment. Doucement, lentement mais sûrement, je remonte Alenby. Je ne suis pas sûre que mes jambes me portent aussi longtemps que je le voudrais. La ville est vide. Shabbat interdit de prendre sa voiture, seuls quelques taxis brisent le calme. J'arrive au point de rencontre et je préviens Julien. Le carrefour compte 6 rues et je joue avec moi même à deviner par laquelle il va arriver. Il fait très chaud. Julien se fait un peu attendre, c'est là tout l'art du comédien. L'eau d'un arrosage un peu trop prétentieux coule d'un balcon, en me rafraîchissant les mollets. J'apprécie. Julien, c'est mon ancien colocataire dijonnais, tombé amoureux de Tel Aviv et d'une de ces habitantes. Il est donc toujours fourré ici et connaît la ville comme la plupart de ses poches. Un bon guide. Finalement, on s'est raté au carrefour mais on rattrape le coup assez vite. D'abord, il veut m'emmener déjeuner dans un de ses petits restaurants préférés. Ça tombe bien, j'ai faim. On se régale de cuisine locale. On cause beaucoup et je me rends compte à quel point il est bien ici, autant que dans ses baskets. Il se rend compte à quel point j'apprécie d'être là. Puis on retrouve sa chérie et un couple d'amis. Julien serre des paluches comme à Dijon en son temps. Il est chez lui. On s'en va découvrir un lieu magique pour y boire un café. On cause beaucoup et j'ai l'impression d'être un peu plus dans la vie de la ville. Inside Tel Aviv. C'est chouette et le temps passe. Et c'est Jaffa l'Arlésienne. Il est trop tard, on a profité sans se rendre compte, on remet ça à demain, sans regret. Dernière chance. Je quitte mes acolytes et décide de me perdre jusqu'à la mer. Mon corps ronchonne dans son coin. Je ne l'écoute pas. Je vais un coup à droite, un coup à gauche, découvre des endroits merveilleux, d'autres moins alléchants. "Ça, habité ? Vous voulez rire ?" J'achète encore une ou deux maisons et atteins la mer. À ma gauche, Jaffa est à portée de canne. J'hésite pour la forme et prend la direction opposée. Il est trop tard, je suis raisonnable. Je rejoins la plage et longe la mer, les crocks dans l'eau, à l'endroit où ma canne ne s'enfonce pas. La longue plage se vide doucement, le soleil est bas sur l'horizon, je marche lentement. Je suis naze. Et comme disait mon père, si t'es naze, arrête. (Van de Flut, cadeau !). Je m'écroule un moment sur le sable, face au soleil. Je me perds dans mes pensées cette fois. Je me rends compte à quel point ce voyage initiatique m'apprend des choses sur moi et pas que. Les paroles d'Efrati commencent à trouver leur place dans les recoins encore inoccupés de mon cerveau. L'horizon s'éclaircit. Je sais bien que je ne suis pas sortie des ronces, mais j'ai un sécateur tout neuf. Je perçois la maladie autrement, je me perçois autrement et je sens bien que l'interaction entre nous évolue. J'ai changé d'ennemi. Ce n'est plus moi mais elle. Le changement de perspective est de taille. J'entrevois le chemin et la lumière au bout. Fais ton sac, Bébé, on a encore du chemin à faire. "On laisse pas Bébé dans un coin". Je digresse en moi-même à la lumière d'un soleil orange qui reflète sur l'eau une énergie nouvelle. Je respire un grand coup, mais cette fois pour enterrer la hache de guerre. On va parler, s'expliquer, se comprendre et prendre le temps de voir ce qu'on fait de tout ça. La fraîcheur s'en vient et je suis un peu reposée. Je longe la croisette locale, qui n'a rien à envier à sa cousine française, et reconnaît parmi d'autres la kippa de Nathanaël, qui se promène les mains dans le dos, tel un surveillant d'examen, entre deux visites à la synagogue. Il m'accompagne à l'auberge et s'en retourne faire le chaland. Mon dos me gratte et j'en conclue qu'il commence à tomber en lambeaux. Tomate pelée. Je suis physiquement déglinguée, usée, rouillée mais heureuse de cette journée parfaite et sereine. La faim me taraude à nouveau, j'utilise mes dernières cartouches d'énergie pour aller manger des falafels et rentrer me coucher. Vidée. "Always take the bright si-ide of life..." Shabbat Shalom.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article