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High Way To Heal (Louise VS fibro)

Way back home. 7h04. Je pirate une dernière fois le réseau de l'auberge pour

13 Juin 2016 , Rédigé par Louise Vayssié

Way back home. 7h04. Je pirate une dernière fois le réseau de l'auberge pour regarder les nouvelles de France histoire de savoir où je mets les pieds. Pas glorieux, mais je vais rentrer quand même. Je salue la mer de loin, dis en revoir à Tatie Danielle, qui ne m'a pas fait de coup bas, et avec qui j'ai passé de bons moments sans découvrir son mystère. Je cherche Nathanaël, ne le trouve pas, il doit dormir encore, je lui laisse un petit mot. Je n'aime pas les adieux, mais les "au revoir" me plaisent. Vraiment, il va me manquer. Nous nous sommes adoptés l'un l'autre avec une évidence déconcertante. Dans les rues, la vie reprends ses droits doucement, la ville se réveille en frémissant après ce long week-end et se refait une beauté à coup de petits balayeurs et de grosses machines. Je la traverse un peu triste, mais j'ai décidé de ne pas pleurer. Enfin pas tout de suite. Aéroport Ben Gourion. Il est beaucoup plus compliqué de sortir d'Israël que d'y rentrer. D'abord on me harcèle de questions auxquelles je réponds volontiers. Je n'ai rien à cacher. Puis je vais au check-in. La file est déjà longue et je poireaute une bonne demie heure avant d'arriver au comptoir. Rien d'étonnant. La dame derrière le comptoir me dit bonjour gentiment et je lui donne mon passeport. Je vois que d'un coup quelque chose ne lui revient pas, elle ferme soudain son visage comme une porte de prison. Je suppose qu'elle n'aime pas les francais à moins que ce ne soit mes lunettes qu'elle trouve moches. C'est son droit, mais je n'y suis pour rien et on va devoir faire avec. Elle m'ordonne de mettre ma valise sur la balance comme on ne parlerait pas même au pire des chiens. J'execute. 8k500, pour 8 k. Je n'ai rien de plus que la dernière fois. J'ai quand même pas rapporté 500g de sable, si ? J'ouvre la bouche pour tenter de gentiment protester mais son regard me l'interdit. Non négociable. J'insiste pas et je déblaye le terrain pour tenter de répartir autrement mes affaires. Je charge mon sac à dos en vidant ma valise selon le principe des vases communicants. Au final, mes bagages et moi, on fera le même poids. Je refais la queue une demie heure et le sort m'entraîne vers un autre hôtesse. J'entends celle ci dire aux clients précédants qu'ils n'ont qu'à enlever un ou deux trucs de leur sac pour la pesée et qu'ils pourront les remettre après. Je trouve ça ridicule mais me dit que cette hôtesse là est plutôt coulante. Cool. Mais je vois clairement la méchante-madame-qui-n'aime-pas-les-Francais téléphoner à la gentille hôtesse à mon propos et si je ne comprends pas, je vois bien que c'est pas sympa ce qu'elle dit. Mon tour à nouveau. Je colle ma valise à la pesée, 7k5. Bingo. Mais la gentille dame me dit que je dois choisir entre mon sac à dos et ma valise, l'un où l'autre devant aller dans la soute. Ben voyons. Je proteste, dis que je suis venue comme ça, que je ne comprends pas... On essaye de me dire que là non plus ce n'est pas négociable, mais cette fois je râle. Je dit que tout le monde a un sac à dos et une valise, pourquoi pas moi. Ça discute sec mais je ne me laisse pas faire. Je commence à m'énerver et curieusement je me mets à parler un anglais absolument parfait. Les larmes me montent aux yeux, j'explique que je ne peux pas marcher, pas rester debout trop longtemps, que j'ai déjà fait la queue deux fois, que je ne veux pas de traitement de défaveur, que je suis fatigué.. Toujours pas ? Alors je dis que s'il faut payer en plus je paye mais que moi, vivante, il n'est pas question que je me sépare de l'un ou de l'autre de mes bagages et aussi que j'ai très bien vu la méchante dame passer un coup de fil et dire des choses pas gentilles sur moi juste parce que ma tête lui revient pas et que vraiment, c'est pas professionnel et totalement injuste. Really, it's not fair. Et là, d'un coup, la gentille hôtesse se radoucie, me dit que d'accord, je peux prendre mes deux bagages, me demande où je veux être placée dans l'avion. Et elle s'excuse platement. Bim. Elle rajoute qu'elle sera à l'embarquement si j'ai un problème et vraiment elle est désolée. Je ne sais pas exactement ce qui l'a fait changer d'avis, ma canne ou le fait que j'ai repéré le manège dégueulasse de l'autre. Je me retiens de tirer la langue à la méchante madame, remercie la gentille et je me tire ailleurs. "C'qui prouve qu'en protestant, quand il est encore temps..." Je pleure un bon coup pour me laver de cette histoire, et je pense à Nathanaël dont la tête n'a pas dû revenir à bien du monde dans sa longue vie, "avec sa gueule de métèque, de juif errant, de pâtre grec." Je pense aussi à mon Oncle Paul, dont j'aimerais avoir l'art du scandale quand il s'agit de faire valoir ses droits face a des gens butés. À la maison on a un autre mot que "butés". Je file donc à la douane, convaincue de ne pas être au bout de mes peines. Pourtant là, ma canne me sert une fois de plus et on me fait passer devant tout le monde. Il n'empêche qu'on fouille mes affaires minutieusement, qu'on jette mon tube de dentifrice, beaucoup trop dangereux. Un truc cloche dans mon sac d'appareil photo. C'est ma ceinture lombaire qui fait sonner et occupe deux personnes pendant 20 bonnes minutes. Puis à nouveau vidage de valise et de l'intégralité de ma trousse de toilette. Ma vie intime est étalée sur le comptoir, au côté de celle d'une américaine qui doit jeter son briquet et avec qui nous échangeons des regards qui en disent long. Mon briquet est sans doute moins dangereux que le sien, je peux le garder. Je suis assez contente de n'avoir pas plié proprement mes affaires, ça aurait été gâché. Je peux récupérer mes affaires après un demie heure de fouille d'une précision à en faire chialer un numismate. Je commence à accuser le coup de cette matinée déjà chargée, il me faut un café et une clope. Ce que je trouve. Puis je file à l'embarquement en avance. C'est la méchante madame qui est au poste et je me prépare à ne pas lui cracher dessus, quand la gentille dame me cherche, me trouve et me fait passer en premier. Je contiens ma langue dans ma bouche en passant à côté de la méchante dame. Et je rentre en en tête dans l'avion où je file m'installer à côté du hublot. Re bim. Il faut dire qu'ici à contrario d'autres pays que je connais bien et que je ne citaterai pas, les handicapés sont hautement mieux considérés. La plupart travaillent non à grâce à des cotas, mais parce qu'ils sont prioritaires, partant avec un handicap. Je dis ça je dis rien. Nous décollons à 11h11, avec 36 minutes de retard. Ça sent la ratage de correspondance. Nous survolons le Sagol Center à qui je fait un petit signe. Puis Jaffa, et ma plage, ma rue, mon auberge et Nathanaël. Puis nous filons droit sur Istanbul. Je dors un peu, et me réveille au dessus d'Istanbul dont je ne vois rien, nous sommes en pleine purée de poids. Et de nouveau cette irresitible envie de chanter. À l'aéroport, que je connais comme ma poché, je file à la terrasse fumeur, on a peu de temps, s'agirait de pas déconner. Mais quand même le temps un peu. Un clope, un café, un pipi et nous décollons à nouveau. Fais gaffe Paris, j'arrive. Le soleil est revenu et nous survolons la ville Turque. C'est très beau mais ma voisine ne se sent pas bien et menace de me vomir dessus à tout moment. J'aime. Je sais pas pourquoi, mais il commence à me les briser menues ce trajet. Ma voisine se lève, va voir les hôtesses, revient, se relève... Finalement elle ne vomira pas, elle fait une crise d'angoisse. Merde. Le manège dure un moment et je lui propose d'echanger nos places, ce sera plus pratique pour elle et moins chiant pour moi. N'empêche, elle gigote, soupire, trépigne, se relève, à la cadence d'une java. J'aimerais pas être à sa place, mais pas à la mienne non plus, elle m'épuise. Sauf que quand même, elle a vraiment pas l'air bien. Paniquer dans un avion, j'aimerais pas que ça m'arrive. "M'enfin Maman, comment veux tu que je saute d'un avion en vol ?..." Je lui dit d'essayer de penser à autre chose, mais la dernière fois que quelqu'un m'a dit ça en pleine crise d'angoisse, j'y ai mis une baffe. J'insiste pas. Finalement elle se lève et va au fond de l'avion se trouve une banquette vide et tente de dormir. De l'autre côté, ça pionce. Je me demande encore ce qui va m'arriver d'ici à ce que je débarque enfin chez mon frère ce soir, où j'espère qui aura fait des pâtes au pesto. Il fait les meilleures pâtes au pesto qui soient. La mer de nuage est d'un blanc dingue et parfaitement plate. Une mer de nuages d'huile. Une mer d'huile de nuages. Suis mal assise, et décide d'aller voir au fond ce qui s'y passe. Un banquette 3 places vide me tends les accoudoirs, je file chercher mes affaires et m'y allonge. Je ne mets pas longtemps à m'endorm... Mon sommeil n'est pas de tout repos, un bébé hurle à la mort environ toutes les 45 secondes. Je me dis qu'il a sans doute mal aux oreilles pour hurler comme ça. N'empêche, ça met tout le monde à cran. Un steward se donne du mal pour essayer de le calmer, sans succès. Mais j'apprécie le dévouement du gars. La mère, elle, ne fait rien. Je dors quand même tant bien que mal et me réveille en France. Un écran nous apprend que nous volons actuellement au dessus de Dijon. Dites, je vais descendre là s'il vous plaît ! En même temps, vu l'épaisse pâtée grisâtre qui recouvrent la ville... Auxerre, puis Paris à l'approche. Le bébé hurle de plus en plus fort à mesure que nous descendons. Tiens bon petit, on arrive. Sortie d'avion, kilomètres de tapis roulant sur lequel les roues de ma valise joue le Vol du Bourdon, la douane. C'est tout juste si le gars dans sa cahute regarde mon passeport... Re tapis roulant, sortie, clope et orly-bus. Il fait frais et j'ai l'air malin avec mes crocks aux pieds. L' orly-bus est bondé et au milieu, c'est cadeau, un bébé qui hurle. Il fait gris. Et d'un coup j'ai l'impression qu'il s'est passé 1/4 d'heure depuis que j'ai pris le bus dans l'autre sens. Et pourtant tout est tellement différent. Ça y est, je suis rentrée. Je l'ai fait ce voyage vers le mieux. J'en reviens plus forte, plus confiante et fière. Changée. Pourtant, comme avant de partir, j'ai mal partout, tout le temps. Je suis toujours malade. Demain je retrouverai ma vie qui ne sera plus tout à fait la même, mon monde qui ne sera plus tout à fait pareil. L'avenir dira de quelle manière ce séjour impactera le reste de ma vie, à long terme. Il faut que tout ça infuse. Comme dans une cérémonie, je voudrais remercier très fort ma Mère, à qui toutes ces lignes sont dédiées. Sans elle, je n'aurais jamais pu partir. Merci M'man. And "Always take the bright si-ide of life."

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