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High Way To Heal (Louise VS fibro)

J5 : mi chemin. 7h10.Tatie Danielle ronfle. Grand beau. Ici ils boivent le café

7 Juin 2016 , Rédigé par Louise Vayssié

J5 : mi chemin. 7h10.Tatie Danielle ronfle. Grand beau. Ici ils boivent le café à la turque. Une à deux cuillères dans la tasse, de l'eau chaude, tu remues et t'attends que ça retombe au fond. Un peu comme de l'instantané, sauf que c'en est pas. C'est costaud mais on s'y fait. Me réveille fatiguée ce matin. Les yeux gonflés, collés, le corps raide comme Doc Gyneco, l'esprit embrouillé... T'en veux du cognitif ? Les émotions d'hier sans doute. La mer.. Et puis à force de faire les 3 pas qui me séparent de la plage toute la journée, je fini par enquiller un peu de distance. "3 kilomètres à pied, ça use, ça use.." Mes lunettes aussi sont fatiguées, je me rends compte qu'elle ne sont pas sorties indemnes de leur plongée sous-marine... J'ai tenté de nettoyer une petite tâche sur le verre gauche pendant un bon moment avant de me rendre compte qu'elle ne partirait pas. Belle rayure. Fichtre. Ouf que j'ai pris mes vielles lunettes pour venir ici. Maligne que je suis. Tatie Danielle commence effectivement à être un peu chiante. Et plutôt collante. Ce matin, elle veut m'accompagner au Sagol Center. Ça va pas non ?! Je lui ai expliqué que j'étais une "poor lonesome cowboy" et qu'il me fallait de l'air. Et puis j'ai trouvé une solution pour la décoller. Elle ne supporte pas la fumée de cigarette. Même dehors, même quand la cigarette est à bonne distance, même par grand vent. Il suffit de rouler un clope pour qu'elle se sauve. Comme mon chat. Je continuerai donc à fumer tant que je serai là. Voilà une excuse facile. Mais je commence à me faire à l'idée d'arrêter. Ici, pas con, ils vendent le papier à cigarette déjà rangé dans le paquet de tabac. Pratique. En revanche, ce papier est aussi épais qu'un ticket de métro. Ça muscle les doigts. Et là aussi, comme le kebab du petit gars d'à côté, c'est peu dispendieux. Hier, j'ai enfin sorti mon appareil photo que j'avais privé dessert jusque là. La lumière de fin de journée sur la plage, les joueurs de freesby, et le coucher de soleil magique. Quoique les photos de coucher de soleil m'ont toujours royalement ennuyée, je ne peux quand même pas faire l'impasse. Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchie la campagne, tout ça, je tenterai une expédition au marché, qui n'est qu'à quelques encablures d'ici et qui m'a l'air des plus joyeusement bordélique. Le genre de terrain de jeu que j'affectionne. À la fraîche et décontractée, je devrais pouvoir y arriver. Dépendra de ce jour-ci. Sans doute devrais-je plus me reposer, mais je ne peux me résoudre à passer mon temps dans la petite chambrée, toute cosy qu'elle soit. Ce serait offenser cette ville et ce séjour. Tout à l'heure, il y a eu un gros boum dans la rue à deux pas d'ici. Je dois bien avouer que l'espace d'un court, très court instant, et j'en ai un peu honte , mon sang s'est glacé. C'était une roue de vélo qui explosait au soleil, faisant tomber comme des dominos toute une série de vélos bien rangés les uns à côté des autres devant leur boutique, au coin de la rue. Le pauvre patron de la dite boutique à eu bien du mal à remettre tout en ordre, faisant retomber les vélos les un après les autres au fur et à mesure que... Le spectacle m'a ravie, et j'ai tout de suite eu beaucoup de tendresse pour ce vendeur de deux roues. Coeur d'artichauts, va. Peut être devrais-je aller voir si il fait pas de la loc à pas cher, ça agrandirait considérablement mon rayon d'action. Vous avez vu le raffinement ? Rayon...vélo... Ok. Pardon. Le problème avec le sable fin, c'est qu'on en fout partout. Il s'incruste dans le moindre recoin de tout ce qu'il trouve.. Chaussures, poches, oreilles, téléphone, sac Radio Campus.. "y en a même jusque dans mon lit." Ce matin, pour le petit dèj, j'ai fini le raisin que j'avais aussi emporté à la plage hier. Depuis, j'ai les dents qui crissent. Dans le taxi à nouveau. Pas du tout d'attaque pour le bus ce matin encore.. Pour aller jusqu'au bus, il faut marcher un moment. Et toujours cette peur de ne pas comprendre où je vais, de me retrouver à l'autre bout de la ville... Nathanaël a négocié un taro aux petits oignons avec la compagnie associée à l'auberge. Merci, vieux, je te revaudrai ça. La circulation à TLV est indescriptible. Pire qu'à Rome, pire même qu'à Dakar, c'est dire. Les voitures déboulent de partout, dans n'importe quel sens, à toute vitesse. Ça klaxonne, ça double, ça se frôle, ça doit râper souvent.. Seuls les feux sont respectés. Les cyclistes, nombreux, roulent sur les trottoirs et je les comprends. "À Paris en vélo on dépasse les taxis..." Je suis très en avance à mon rdv. Le quart d'heure tel-avivien serait-il l'exact opposé du quart d'heure sénégalais ? On dirait. Mais ça me convient, ça colle avec moi. Je profite pour boire un café à volonté et gratuit, (quand je vous dis que ces gens savent vivre) et découvrir qu'il y a du free wifi, vais pouvoir geeker. N'ayant pas pris de carte sim israélienne, je suis tributaire du wifi gratuit, ce qui ici n'est pas tant que ça difficile à trouver. 11h15. Tests cognitifs passés. D'abord, petite discussion avec le neurologue du Sagol Center, qui n'est autre que le big chief des neuros. À nouveau ce sentiment troublant d'être écoutée, comprise, considérée. Merci. (Comment il est trop beau, le neuro !!!) Puis tests sur ordinateur. Le rond dans le carré, mais pas que. Du calcul mental rapide (ben ma vieille), des trucs et des machins à cliquer, pendant 1heure. La concentration que m'a demandé cette heure m'a littéralement vidée. Je pense que mon dernier quart d'heure à été bien mauvais :" - De quelle couleur est cette veste rouge ? - Euh, je sais pas, verte ?" Le tout en anglais dans le texte, bien sûr. Si je suis le traitement, j'aurais une long entretien avec le neuro (chouette) afin de déterminer si j'ai besoin de rééducation cognitive. Pour le moment, je n'ai évidemment pas les résultats, j'en saurais peut-être plus quand je verrais le Dr Efrati. Le chauffeur de taxi du retour me raconte sa vie. Je suis incollable sur la condition des taxis de TLV, et de sa visite au Moulin Rouge avec sa femme. Et aussi sur le directeur de la médecine légale de TLV qui vendait des bouts de cadavres au marché noir... Plus une histoire d'espion russe que je n'ai pas vraiment comprise. Et aussi qu'il me faisait le tarif moitié prix, parce que, de toute manière, il avait des trucs à faire dans le coin où j'allais. Notamment embrasser sa femme, taxi elle aussi. Quand je vous dis ces gens savent vivre. 18h22 : Retour à ma plage, bien sûr. La mer roule encore violemment ses vagues, trop fortes pour que j'y tienne debout. Je vais donc me tremper vite fait pour me rafraîchir et parfois faire pipi dans l'eau. À part les chiottes du chalet des Carroz, je ne connais pas de meilleur endroit pour faire pipi que la mer. Et puis je ne veux pas risquer de perdre à nouveau me lunettes dans les vagues, sans les retrouver cette fois. Je ne peux pas me baigner sans lunettes, sous peine de ne pas retrouver mon camps de base. Je me rappelle comme si j'y étais ce moment où ma cousine était partie à l'eau sans les siennes, sur la plage de Plougerno, et où elle avait mis un temps infini à nous retrouver, nous sa tribu, au point de commencer à paniquer. Il faut croire que cette mésaventure m'a marquée plus que je ne l'aurais imaginé à l'époque. Faut dire, j'avais 5 ans à peine. La plage est le paradis des jeux de plage. Ici on joue à un jeu de raquettes qui ressemble au jokari sans élastique, ou au ping-pong sans table, avec des raquettes un peu plus grandes et une balle noire. Ils sont des dizaines à jouer presque collés les uns aux autres. Le bruit des balles sur le bois des raquettes est enivrant. Comme un tam-tam tribal arythmique. Certains jouent sans lâcher leurs bières, plutôt crever. Le freesby est porté en haute estime, et élevé au rang de sport national. Il faut dire qu'ils sont particulièrement doués, à croire qu'ils ne font que ça. Figures, rebonds, sous la jambe, dans le dos, à des distances défiant les lois de la nature. Je ne me lasse pas de les regarder. Avec envie il est vrai. Pilou serait content et fou.(Pilou, c'est le chien de mon frère aîné, qui apprécie particulièrement cet objet. Pas mon frère, le chien.) Le foot, évidemment, mais si possible dans l'eau. Et puis une espèce de petit surf ridicule qui se pratique en bord d'eau. Pas de beach-volley. Pas sur ma plage en tout cas. Le soleil tombe dans l'eau, à nouveau c'est magnifique. Je me demande si le neuro avait une alliance. D'ailleurs, les israéliens ont-ils des alliances ? Il faut que je googlise. Demain 13h, nouveau rendez-vous au Sagol Center pour un "brain spect". Je ne sais pas vraiment ce que c'est, mais je suppose qu'ils vont observer mon cerveau d'une manière ou d'une autre. Tant qu'ils ne lisent pas dans mes pensées. Quoiqu'en ce moment, ils y trouveraient essentiellement de l'espoir et de la gratitude. Je ne vais pas faire de vieux os ce soir. Mon corps est de plus en plus faible, de plus en plus douleur. Les articulations particulièrement. Je les sens fragiles. De plus en plus. Faut dire, voilà maintenant 4 jours que je n'ai pas fumé de ce cannabis qui me fait tant de bien. Il y a bien de nombreux fumeurs sur ma plage, j'en hume les douces effluves régulièrement, mais je ne me résous pas à aller quémander. Dans d'autres parties du monde, je serais sans doute clouée à mon lit, sombre et colère. Ici, je ne veux rien louper des ces jours qu'on pourrait dire magiques, en tout cas exceptionnels pour moi. La beauté de la ville, le temps merveilleux, la préciosité de la rencontre avec le Sagol Center, ce retour au goût pour la vie et, encore et toujours, cet espoir qui me tient debout presque plus que ma canne. "Si tu ne sais pas où tu vas, vas-y le plus vite possible." Shalom.

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